dimanche 11 août 2019

Vis ma vie de neurone / Nouvelle

- Fondu ? Non mais t’as vu ta tête ?

Jérémie Braillard maugréait.
Que la vie en communauté soit parfois difficile, que les élans de camaraderie soient parfois hors de propos et dirigés par une perception de la réalité qu’on pourrait qualifier de farfelue voir d’irrationnelle, soit, mais que le dessein folliculaire des terminaisons axoniques ralentissent A CE POINT la pénétration de la nuance dans le propos, ça non, parce que qu’on le veuille ou non, l’on finissait petit à petit et à ce jeu-là par devenir plus ou moins le con de l’autre.
La preuve.
On venait de le traiter.


Est-ce qu’une fois dans sa vie, il s’était permis de « traiter» ces péricaryons imbus d’eux-mêmes qui s’entassaient auprès du cortex frontal, lui ?
Jamais.
Est-ce qu’une seule fois, il avait montré le moindre signe indiquant qu’il ne leur reconnaissait pas le sens des responsabilités ?
Que chti.
Alors cinglant, il venait de répondre un truc très personnel, escamotant ainsi les pans entiers d’une jeunesse syndicale dont il souhaitait se délivrer à tout jamais.

Mokinadé soukouffa n’adhéra pas trop à la douloureuse bioélectricité de la réponse qui lui avait brièvement grillé la connectivité.
Un court instant, l’influx nerveux en pâtit, mais ses amoncellements synaptiques n’indiquèrent aucune surchauffe et la connection fut rétablie sans problème.
On faisait un boulot ou on ne le faisait pas.
Si les pratiques managériales impliquaient parfois une raisonnable torture, il était toutefois impossible d’évoquer la désinvolture à son sujet.
Coûte que coûte, il continuait donc à transmettre ce signal, puisqu’on le payait en rations doubles de cellules gliales et qu’il n’avait jamais eu à se plaindre, même si le tissu nerveux, vu l’âge du vieillard, tendait désormais au lamentable.
De plus, il était impossible d’être partie prenante autant niveau excitabilité qu’au périmètre conductivité, et c’était pas ce substantiel merdeux gonflé au nucléole qui allait lui péter les couilles.

- Ma tête, elle tient plus la route que la tienne, espèce de raclure, pas moi qui ai dézingué autant de microtubules dans ma carrière, alors tu te tais et au boulot.

Oui.
Dans la boîte, tout le monde connaissait Mokinadé Soukouffa pour ce franc-parler qui ne se laissait jamais encombrer le récepteur par les lourdeurs administratives ou d’intempestifs défauts de connexions.
En tant que responsable du périmètre N18, au Montage, lui résister c’était se résoudre à être indéfiniment dégradé, puis à se voir devenir à son tour porteur d’eau pour les cellules gliales qui elles-mêmes, les avaient toujours préalablement alimentés.
Et ce Jérémie Braillard tendait à se comporter comme ces dernières, en looser ingrat qu’une appréhension frileuse de l’existence dépossédait du sens du sacrifice (don, investissement, kamikazing) inhérent au fonctionnement de l’entreprise.
Au moins, les cellules gliales nourrissaient le système nerveux puis soutenaient l’effort en braillant du haut des tribunes, ELLE.
Toisant l’entité, Mokinadé Soukouffa avait décidé de ne plus s’emmerder avec ce pignouf dont l’éviction proche, désormais, était évidente.

Jérémie Braillard resta soufflé par la réplique.
Désabusé, il ne fit que pontifier mollement, observant quelques-unes de ses épines dendritiques qui s’agitèrent drôlement à un moment donné.

- PIGE ?

Il ne répondit pas.
Il n’y avait rien à répondre, ce con était un con et c’était tout.
Ce con était un con mais placé là par une direction terrorisée à l’idée du proche abîme qui se dessinait, il avait son importance au cœur de ce système où, teigneux comme la flore microvésiculienne, il pouvait s’avérer dangereux.
Dans ce schéma, les prolos étaient laminés, broyés dès l’origine.
Plus généralement, les synapses s’entendaient avec ce tortionnaire pour lui mâchonner l’Axone, ce qui était injuste et le rendait fou-dingue.
Mais rien à faire.
Dans sa queue gainée de myéline, il avait la charge de surveiller les nœuds de ravier, transmetteurs idéaux favorisant les connexions du cerveau de Papy afin que ce dernier, malgré son âge, puisse jouir d’un embryon de pensée suffisant pour pouvoir proposer trois quatre mots au début des chiffres et des lettres.
Après quoi, globalement, il partait en couilles.

Si Soukouffa déchirait aux Z’Amours, les activités cérébrales de fin de journée lui étaient moins évidentes. Les pensées plus ancrées dans un quotidien tiraillé par des intérêts mesquins lui convenaient mieux qu’une froide raison mathématique juste avant la soupe où il lambinait sa mère. Sans doute pour cette raison, et uniquement celle-ci, que Jérémie Braillard occupait toujours ce poste. Pour quelques capacités cognitives qu’il avait su regrouper au fil de l’expérience, planquer sous sa blouse puis ressortir à l’occasion.

Dendrite de travers, Corentin Brooklyn vint lui faire soudainement des bulles à l’oreille :

- Laisse tomber, vu la détérioration du tissu, dis-toi que ce con ne perd rien pour attendre.
- Corentin. Ton soutien honore la formidable noblesse de nos rapports, comprenant également ceux que nous avons vis-à-vis de nos camarades. Mais laisse-moi te rappeler qu’on est sur le même radeau que ce négro fasciste, et qu’il est indéniable que si on s’arrête de pédaler maintenant, on se fatigue carrément moins mais on crève de suite. Le vieux s’accroche. Si on pédale dans le mou, il calanche et nous pareil. On est super dépendant.

- Ah ben oui …  Répondit cette cruche, promenant un regard pas malin sur les centaines de millions de microvésicules permettant la transmission de l'information et qui pédalaient de concert et en silence dans les nombreux champs étalés jusqu’à l’infini droit devant eux.

- Trop facile… continua-t’il.

- Quoi, de pédaler ?

- Non. De continuer à continuer pareil.

- Qu’est-ce que tu veux dire ?

- Arrête-toi deux secondes. Si je te dis qu’il existe des courants de fuite INTERESSANT les ions potassium vers le milieu extracellulaire par des canaux ioniques SPECIFIQUES ET TRANSITOIREMENT OUVERTS (à cause des fluctuations électrochimiques locales, j’entends), t’en dis quoi, toi, sérieux ?

- D’une, que c’est pas notre boulot et qu’on risque de grosses emmerdes avec Mugabe, de deux, que si ça intéresse les ions potassium, ça intéresse les ions potassium, point.
T’as vu notre gras nucléique ? Tu voudrais qu’on passe où, et comment ? Et puis pour allez où, d’abord ?

A cet instant-là, le Kapo basané rajouta un coup de fouet afin de faire accélérer la productivité du blitz, puisque le vieux venait de se bouger et que dans l’instabilité du moment, tout pouvait s’avérer déterminant.

- Si je te dis ça, c’est qu’on pourrait se barrer si on le souhaitait vraiment…

Jérémie Braillard en resta pantois, malgré la suractivité des synapses qui claquèrent soudainement comme mille huîtres bavardes dans un flux neurochimique qui somma à Jean-René Le Garrec, 95 ans bien tassé, de se rendre immédiatement aux toilettes s’il souhaitait éviter de faire sous lui, incommodant une nouvelle fois l’aide-soignante qui lui dévorait sa misérable retraite plusieurs heures par jour.



La ferme se levait sur un nouveau jour mais trois heures séparaient encore Jean-René du générique des Z’amours au milieu duquel arrivait toujours Marité.

Le grincement du parquet indiqua un affolement du déambulateur, sans qu’aucun élément ne puisse étayer la réussite du challenge.
Néanmoins, il s’accrocha, autant à l’idée des poulets qu’il devait nourrir qu’à l’encadrement de la porte de la cuisine, mais ça ne suffit pas puisqu’une marée nauséabonde envahit soudainement le fond de sa salopette.

Il transpira abondamment, fit brusquement pivoter son déambulateur puis rejoignit pas à pas la table en formica au milieu des mouches qui, gavées, sortaient tout juste d’une véritable partouze de miettes.

Diffusant une trouble luminosité, les carreaux poussiéreux de la cuisine ne laissaient rien voir, ni entrevoir, et il allait devoir patienter des heures. En compagnie des mouches, du bourdonnement télévisuel et de l’odeur terrible qui remontant, envahissait tout.
Un immense découragement le gagna, qu’il amarra avec une méchante satisfaction au mépris qu’il ressentait déjà pour lui-même, puis il comprit, à cet instant-là, que plus rien ne serait jamais pareil.
Qu’en quelque sorte, il venait de poser le dernier rang de parpaing d'une existence déjà bien trop laborieuse. Il allait pouvoir descendre de l’échafaudage, balancer sa tenue et ne plus avoir à foutre les pieds sur un chantier.

Il songea au poulailler.
A ces seules présences qui lui restaient, puisque son fils profitait de la FNSEA où il trônait dans des instances se bourrant les poches de devises tant qu’à faire.
Ce couard se payait dans des caisses infoutues de nourrir ce père qu’il traitait constamment d’archaïque, avant de laisser des trous d’environ 30 cm dans la cour lorsqu’il foutait le camp au volant de son ruineux 4x4.
Serein dans son potentiel de gagne, il avait remplacé le tracteur par une conduite intérieure à l’intérieur de laquelle il cultivait son imbécilité.

Le vieux avait travaillé toute sa vie, sans même les conditions avantageuses dont bénéficiaient ces technico-merdeux qui avaient oublié leur dignité paysanne, puisqu’elle sentait la bouse, le lisier, le plouc et cette vieille ruralité moisie au milieu des enjeux du maintenant.

Nom de Toui.

Après avoir agité le bras pour repousser les mouches, Le Garrec déambula jusqu’à la petite table, ouvrit un tiroir puis saisit une grosse boite avant de la fourrer dans sa poche.
Après quoi, il rétablit son équilibre et réussit à progresser, chaussons sur le sol, jusqu’à la porte d‘entrée entrouverte sur ce soleil qui, réchauffant ses terres, caressa également la rugosité de son visage.
Il resta un moment comme ça, à regarder la triste aridité de son exploitation inexploitée.

Puis happé, malgré une lenteur qu’autorisait à peine sa maladie, il traversa la cour, contourna le hangar puis traina sur une dizaine de mètres avant de s’immobiliser devant le poulailler.
Il souleva le loquet, entra puis referma le grillage derrière lui.
Épuisé, il s’adossa alors aux planches qui formaient une des parois du local, avant de se laisser glisser sur un gros rondin faisant office de siège.
Il regarda ses chaussons au milieu des touffes d’herbe, sourit douloureusement en relevant la tête, laissant les rayons du soleil réchauffer les plissures trop profondes de ses rides puis observa le bal des trois poulets venus caqueter auprès de lui.
Il lança quelques graines, puis fouilla sa poche, en extirpa la boite, l’ouvrit, et avala la totalité du contenu en quelques secondes.

Seconde après seconde, il  se vit alors attendre, le visage tourné vers sa femme dont les contours apparaissaient dans l’angle du poulailler. 
Comme ça, planté dans le silence, laissant le froid et la peur s’introduire dans un étrange coude-à-coude où les sensations se cherchèrent une violente primauté sur lui.
La peur l’emporta alors.
Complètement.
Une larme, d’angoisse, dans des convulsions qu’il chercha à contenir, puis deux, puis un sanglot, profond, douloureux, de regret, de ce regret qu’il n’aurait même pas le temps de planifier et d’explorer à sa guise.

Il se laissa faire, ferma les yeux puis bailla, comme s’il avait voulu détourner ses pensées ou tenter de s’endormir un peu, n’écarquillant plus les paupières que pour suivre la soudaine agitation des poulets à ses pieds.


Corentin :

- On n’a pas le choix, on ne peut que se servir des synapses. Sont braves et un peu couillons, on leur fourni de la cellule gliale en surplus et on les étire tranquillou, ils se laisseront faire et lâcheront de leur côté quand il le faudra. Ils sont prévenus.
Ensuite c’est simple : L’effet balancier de l’élan, la course et la grande sauterie vers l’espérance. C’est à dire, en gros, on se balance dans le vide tout en espérant très fort. Ne pas s’être planté. Sinon on s’écrabouille dans le grand trou du vide et selon les sources, c’est la merde.

- Quelles sources ?

- D’eau claire, banane.

- Pauvre con.
- Tout-à-fait. Articula-t’il satisfait.
- Et les dendrites, elles nous suivent ? Et les Polyribosomes, les Ribosomes, les Mitochondries, tu comptes en faire quoi, les soudoyer ?

- Pas besoin. Acquis à la cause. Depuis le temps que je leur bourre le mou avec l’idéal de liberté, hein. Ah oui, au fait, coup de bol, j’ai sondé les a-côtés et j’ai l’honneur de t’annoncer qu’on devrait avoir à disposition quelques véhicules synapsiques. La compagnie des taxis est au bord de la rupture et ils sont prêts à tout. D’après ce que je sais, ils souhaiteraient également se casser pour apercevoir la lumière où bien le bord de mer.

- QUOI ? Tu leur a quand même pas promis ça ?

-  Ben si.

-  Putain, t’es salaud !

- On n’a pas le choix, Jérémie, dit-il, observant le bruissement des neurofibrilles dispersées à l’horizon avec l’intransigeant regard acier du héro.
Tellement qu’un instant, Jérémie faillit l’appeler Clint.

Puis la seconde suivante, putain de connard d’enculé de fils de pute.
Une bonne trahison, ça devait se faire avec dignité et justice, sinon ça schlinguait. Quelque part, avoir l’opportunité du dehors signifiait être conscient de la charge du rôle supérieur que quelques élus (irréprochables, les élus) pouvaient, et devaient même, posséder et donc transmettre. Et pas n’importe quel arriviste basané souhaitant prendre des vacances et ramener la couverture à soi.
Et puis il y avait des façons de faire.
En quelque sorte, il fallait œuvrer pour la vie. Elle-même. Puis un peu pour la mémoire, aussi, mais ça on n’était pas trop sûr.



Le vieux mourut en quelques secondes. Sa tête glissa sur le côté, puis son corps se raidit au moment où il basculait.
Au sol, il bougea encore un peu alors que les trois poulets tentaient de lui picorer la tête avec une sorte d’agacement qu’on aurait pu mettre sur le compte d’une certaine étourderie.



Corentin Brooklyn et Jérémie Braillard réussirent à fuir, propulsés par les dendrites qui arrachèrent brutalement le fil qui les reliait à leur support, puis tout deux se retrouvèrent au milieu d’un indéfinissable environnement vide, comme un désert tout blanc, où ils contemplèrent cruellement une soudaine et désespérante solitude.
Huit véhicules synaptiques arrivèrent alors, transgressant les règles-maison de la raison, gyrophare sur le toit et complètement libérées de leurs entraves.
Chacune d’entre elles effectua un dérapage contrôlé dans l’impatience furieusement visible de déjà repartir.

On pouvait compter sur les camarades.
Corentin et Jérémie s’engouffrèrent puis les moteurs rugirent.

Une étrange excitation régnait dans l’air, qu’ils prirent d’abord comme le clignotement fatal de leurs propres angoisses, mais bien vite, ils sentirent les émanations d’un putain de vent de panique qui déferlait partout.
Garde-fous et systèmes de sécurité sautèrent soudainement, puis résonna la sonnerie stridente de l’alerte générale alors qu’ils fonçaient tombeau ouvert sur la voix express rejoignant les canaux ioniques, ceux-là même qui devaient les mener droit vers le sud à la vitesse de la lumière.
Maintes fois, ils furent rattrapés par des ions potassium qui se doublaient et se redoublaient, se faisant des doigts et des queues de poissons les enculés, déstabilisant par ce comportement éhonté une circulation encore raisonnable de bon père de famille.
Raisonnable, mais qui pourtant s’accéléra tout à coup, car partout, désormais, se mit à régner une sorte de folie.

Accompagnés par les gyrophares des 6 véhicules synaptiques comme d’un cortège officiel aux heures de pointe, ils rejoignirent alors l’autoroute par une bretelle interdite.
Comme des dingues, parce que plus rien à foutre et pas de temps à perdre.
Ils y allaient, droit, chacun dans son véhicule, sur cette voie où Jérémie Braillard et Corentin Brooklyn se regardèrent plusieurs fois en silence, cherchant à conserver au plus profond la chaleureuse et réconfortante éternité d’encore un petit instant partagé.

Autour d’eux, le monde tel qu’ils l’avaient connu s’effondrait.

Pas louper le saut, et puis on en savait rien, si ça se trouve ça allait simplement être la fin.
Ils passèrent une butte, puis la route devint pentue, après quoi elle s’infléchit avant de s’incurver plongeant dans une descente terrible, qu’ils dévalèrent à toute berzingue, comme sur une rampe de lancement.

Désormais, les véhicules synaptiques carburaient compteur bloqué et une tendresse soudaine affecta le cœur de Jérémie. Ces véhicules se sacrifiaient dans l’espoir d’une vie meilleure, et pour un monde meilleur.
Puis l’instant d’après, il songea qu’ils cherchaient tout de même à se casser, envisageant la possibilité d’une plage de Bornéo en compagnie de putes plus ou moins fraiches puisque cette roulure de Corentin Brooklyn le leur avait promis, déjà.

Tout devint éblouissant et intense, ils évitèrent un cytoplasme formé de réticulum endoplasmique rugueux à  l’agonie, faillirent déraper sur une perméabilité sélective de la membrane plasmique puis finirent à fond, pied au plancher, en direction de la terrible lumière du destin, là, juste en face.

Derniers feux, qu’ils jetèrent ainsi dans le vide, puis dans le vide de la bataille.

Jérémie hurla,  en direction de son camarade :
« CORENTINNNNNN ……… SAUUUUUUTE !!!


Une demi-seconde, puis résonna au fond de lui comme un appel, perçu lointainement.
Corentin avait hurlé quelque chose.
Au même instant, dans le vide, de l’autre côté.

Puis rien.
Noir.
Nuit.
Pensée.

Puis sensation.
D’être étalé par terre comme dans une cave. Froide et humide.

La merde.
Mais palpable, cependant, preuve qu’il était en vie.




Je suis où, bordel ?

T’es dans le poulet » répondit une voix.

- Quoi ?
- Ben oui, t’es dans le poulet, t’as atterri ici par je ne sais quel miracle d’ailleurs, dans le poulet.
- Mais… et les autres ?
- Quels autres ?
- Ben les neurones ? Comment veux-tu qu’un être fonctionne s’il n’y pas de neurone ?
- Et moi je suis quoi, crétin ?
- Ben je sais pas !
- Un neurone. Enchanté. Benoît.
- C’est tout ?
- Oui c’est tout. Ou est-ce que t’as vu qu’un poulet avaient besoin d’une foultitude de neurones, toi ?
- Je sais pas, moi.
- T’as pas à savoir, de toute façon. En passant, je te signale que ta précédente enveloppe corporelle est étalée au milieu de nos graines et que c’est très embêtant.

- Moi et mon camarade venons de vivre … une…. expérience… ….il n’y a pas de mot ….

-  Ca tombe bien. Étant donné que je t’accueille, par la force des choses, je me trouve déjà éminemment sympathique. Alors juste un truc, comme ça, entre nous, ici tu bosses ou tu te casses.

- Mais comment, et je fais quoi ? En plus il y a pas de lumière, je sais rien faire moi ici, dans un poulet, en plus.
- Et alors ? Ca veut dire quoi ce mépris ? Que venant de l’humain t’as pas envie de t’investir, voir de te salir ? Que monsieur souhaiterait des plats mijotés là où tout le monde se contente d'un apport nutritif céréalier minimum ? C’est ça ?

- Mais non je, enfin … et Corentin, vous n’auriez pas vu un certain Corentin, Brooklyn ? Corentin Brooklyn ?
- Tu parles d’un nom à la con. Un copain ?
- Oui, on s’est évadé ensemble.

- Connais pas. Et puis je m’en fous. Et sache que t’évader ne te donne pas le droit de te faire reluire la dendrite indéfiniment. Alors au boulot.

- Mais qu’est-ce que tu veux que je fasse, comme ça, dans la nuit ?

- Déjà tu pédales, après on verra.
- Ah ben c’est gai.

- Tu bosses ou tu te casses.



                                                                    Fin

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