samedi 29 octobre 2022

Qu'attendre du Qatar

Né né, je ne boycotterai pas le Qatar.
Le Qatar n’a manifesté aucune hostilité à mon encontre.
Le Qatar a tout à fait le droit de se présenter en pôle d’attraction des débiles du monde entier un mois durant, il fait ce qu’il veut de sa vie, tant qu’il n’attente pas à celles de ses concitoyens (sujets ?).
L’histoire en avait si souvent répétées, des si lugubres complaintes : D’opposants à Videla (Argentina 78) à chairs à canon aujourd’hui depuis la sainte Russie de 2018 (n'aurait-il pas fallu la lui laisser, sa coupe, au maréchal Poutine, puisqu'il y aurait probablement vu là grandeur d’une nation et d’un peuple et qu'il n’aurait peut-être pas été faire chier le reste du monde ensuite ?).

Evidemment, 6500 morts sur une période d’une dizaine d’années (ce qui n’en amoindrit évidemment pas la dégueulasserie), ça fout carrément les jetons, mais n’y aurait-il pas eu, sous la pression des organisations, de très notables améliorations depuis ?
Et puis QUE 50 morts en 2021, qu’on vous dit !
Entre parenthèse, je me souviens assez peu de la présence de la LDH sur les chantiers du bâtiment ici-bas (intérim, cadences, sécurité en berne, rythme hardcore, pandémie, Lafarge, etc) et encore moins celle des syndicats (ce qu’on reproche également au Qatar), puisque pas le genre et que tout le monde, et surtout le patronat, s’en contente très bien.
N'y aurait-il pas aussi, quelque part, caché derrière, une forme larvée de connotation raciste ?
Alors oui les homos les femmes, probablement des décapitations à tour de bras dès lors que tu te ramènes à allumer une clope, mais sommes nous beaucoup mieux, nous, avec nos CAC 40, nos précarités, nos étudiants qui bouffent aux restos du cœur, nos chasses à migrants, nos business school, nos Pôle emploi sauce flics, nos médias de l’ordre et de la sécurité et nos emplois chez Uber Eats ?
Ne serait-il pas mieux de refuser cette société capitaliste en son ensemble, le capital étant cul et chemise avec l’Etat, bon cochon de grand frère qui lui montre tout et que l'
autre idiot suit aveuglément ?
Ne faudrait-il pas simplement refuser le travail ? Parasiter d'une façon ou d'une autre ces matraques-médias relais de l'ordre (moral aussi), de la sécurité, de la norme, de la perpétuelle adaptabilité de l'humain au marché ?
Reconnaissons
que le couple Platini-Blatter, à l’époque, après sa pause clope entre les deux mallettes d'un représentant Péruvien d'un consortium Panaméen, eut tout de même une certaine noblesse à essayer de privilégier « l'universalité» du choix de l’endroit de la compétition. Nos amis arabes n’ayant jamais rien eu sur le dos, à part la colonisation, CNews et désormais Zemmour, l’idée aurait alors été de la leur refiler afin que ça ne finisse pas une nouvelle fois dans les poches de fonds de pension de pays prioritairement occidentaux, friqués, à domination blanche, déjà très investis dans le bonheur capitalistique, et qui l’avaient déjà glané un paquet de fois : France, Italie, Espagne, Allemagne, Suède, Russie, Angleterre, Brésil, USA, Corée du Sud, Uruguay (before la Second World War). N'était donc t’il pas temps que le grand remerciement mondial des marchés sous couvert de jeu, de pain, de pays et de visibilité d'icelui, revienne décemment un peu, rien qu’un peu, au Moyen-Orient ? Qui lui aussi, brillait en bon phare capitaliste ?
Calcul géostratégique, love pour le pétrole ?

Je ferais l’impasse sur, parfois, cette sorte de volonté de la FIFA de se gargariser du prétexte d'apaiser des tensions, et pire, d'involontairement (non non) vouloir nous la faire Georges Bush ramenant la démocratie (le libéralisme) chez les pas comme chez nous, Platini n’ayant, il me semble, jamais été beaucoup plus loin qu’aux 16 mètres lorsqu’il plaçait un coup-franc redoutable dans la lucarne de l’ennemi juré.
Bref, la géopolitique, sauf un peu
celle de son milieu de terrain contre l’Allemagne en 1982, ne fut jamais vraiment la préoccupation première de notre triple ballon d’or des années 80, puisque chez lui résultait surtout le fait d'être efficace pour "gagner le match".
Bref
, je m'égare, mais c'est le propre des Garrincha ou autres Sidney Govou du monde entier, trop souvent laissés à eux-mêmes à se perdre dans leurs dribbles le long de la ligne de touche (poke Jérémy Doku), à chercher à y voir le jour (poke Jacques Brel) en faisant la passe décisive, pour sortir de cette enclave et aboutir, quelque part, à quelque chose. Tout ça pour dire que s’il y eut calcul, hormis ce zeste de morale bien compassionnelle propre à l'occident, le résultat du choix avait probablement et prioritairement été décidé du fait d’une suffisante accumulation de devises (capacités financières du pays pour organiser un tel évènement). Susucre ? Cadeau ? Encouragement dans le sens de la démocratie (libérale) ? Avec notre passé, nous n’étions à l’abri de rien en matière de cul-bénit cherchant à s’excuser, à se faire pardonner, à rattraper sa culpabilité. Puisqu’après avoir massacré, déstabilisé, exploité, ratiboisé, ravagé, humilié, il était désormais de bon ton de la ramener en se proposant de venir faire les soins à domicile (pourvu qu’on domine toujours le marché et qu’on continue à y distribuer les cartes).
A propos de l’Afrique, il eut été difficile, sinon en endettant encore plus une population déjà très à l’agonie, de fourguer une coupe du monde à (par exemple) un Burundi dont le PIB équivalait à 12 euros par tête de pipe, et qui trainait déjà le boulet d’une dette abyssale envers la chine en plus d’un crédit illimité chez Wagner. Et puis, en guise de pays africain, il y avait eu Knysna 2010, l’Afrique du sud et ce foutu bus qui démarre plus.
De plu
s, une éminente représentante de la Nupes n’avait-elle pas dit que Benzema c’était formidable, étant donné qu’il payait quelques bouts d’impôts chez nous, alors quoi ?
En dernier lieu, j’étais piqué de foot, viru
s probablement choppé en enfance, cette période trouble, mais toujours est-il que le symbole d’un collectif dont les membres créent quelque chose ensemble (le jeu) en affrontant un autre pays sans remettre en cause le tracé de ses frontières, le pilonner de bombardements ou y projeter ses colonnes de chars d’assaut (autres qu’Mbappé, Halland, Benzema), ben voyez-vous, moi, l’idée, elle me plaisait bien.
Évidemment, sa capacité à taper dans un ballon et « à les mettre au fond » ne disait pas grand chose sur les caractéristiques d’un peuple, cette idée étant même la pire, puisque basée sur un bon chauvinisme (domination) quand ça n’était pas un reste/zeste de supériorité d’une (race) ethnie rapport à une autre.
Mais tous les pays (qualifiés) du monde y jouait, et d’après ce que j’avais cru comprendre, la meilleure équipe sur le terrain était supposée gagner.
Comme j’avais pu aussi le remarquer dans la vraie vie,
le foot avait pourtant bien tout pour être ce redoutable foyer à imbécillité profonde (souvent mâle et groupé, d'ailleurs, le foyer, probable réminiscence animale remontant des grottes lorsque vient l'hiver et la période des ours).
Toutefois, l’on pouvait aussi s’y amuser, préférer ça à de
très réelles guerres et surtout voir derrière ces dits « enjeux », la simple et plaisante notion de jeu, qui donnait telle une fenêtre sur cour sur notre rapport à l’enfance, à l’autre, à la relation, à la vie.
Et cette idée, ben elle me plaisait bien aussi.
Outre la gabegie financière en faveur, comme toujours, des puissants, restait évidemment la climatisation dans des stades entiers en cette période climato-merdique.
Mais quid de submerger de béton cette ville qui est mienne (par exemple), en y rasant parfois des quartiers entiers et un nombre incroyable de vieux bâtis (terre, pierre, torchis) ?
Pas sûr qu’on
soit beaucoup beaucoup beaucoup mieux loti.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire