Ce qu’il faut comprendre c’est
l’enfance et ce qu’il nous en reste.
Ce qu'il faut comprendre, c’est l’absolue et passionnante légèreté, au fond,
d’un jeu, où l’on défend sa petite chapelle, autour de laquelle,
comme n’importe quel village, on aurait besoin de se retrouver pour croire, se
faire croire ou même vérifier le fait qu’on ferait parti intégrante d’une
communauté.
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Penser, enfin. |
Ce qu’il faut aussi comprendre c’est le collectif. Et l'idée collective qui
n'empêcherait pas à l'individu "d'exister", bien au contraire (« de s’exprimer », terminologie significative du foot, l’expression étant celle des pieds tandis que le langage lui, ne serait plus
que quelques mots-clés).
Si Macron a instrumentalisé à
outrance ces moments tel un message à passer à la
nation, il sait surtout que cette même nation est en partie happée par la
dramaturgie du déroulement d’un match pareil (la finale), à l'image d'un film
improvisé un peu dément.
Après tout, ne préfère t’on pas la fiction au
réel ? Ce qu'ils créent et ce qui fait que ça marche si bien,
c’est qu’ils fabriquent une fiction en temps réel, sans scénario, en
improvisation permanente tout juste bornée de quelques règles (d'arbitrage).
Là où tout raisonnement (nécessaire, conscient, argumenté) venant de
l’extérieur deviendrait un inutile, négatif culpabilisant et froid ballon de
baudruche vide de sens émanant de personnes “qui ne connaissent
rien au football” (probablement, mais là n’est pas la question/ comment fait on
pour se comprendre si on ne parle pas de la même chose ?). De ces personnes qui n’auraient
donc pas voix au chapitre.
Parler Football équivalant finalement au fait
de ne parler de rien.
Les gens savent, enfin à peu près, ce qui se passe et s’est joué au Qatar.
Mais, en vérité, ce qu’ils répondent, c’est :
- Et alors ?
Des dupes ? Des imbéciles,
incapables de comprendre, des cyniques, ou plus communément, et dit par
certains, des collabos ?
On peut effectivement le voir
comme ça, quand tout esprit critique est évacué, mis à mal, volontairement
escamoté, stigmatisé, là où on ne se contente plus que de parler que du contenu d’un match, comme si celui-ci
devait être sa seule justification du fait même qu'il existe et qu’il emporte les foules ? (comme d’un cinéma bankable
qui remplirait les caisses).
Mais pourtant, de quelle sorte de collaboration parlons-nous alors, dès
lors qu’il est question d'un jeu et d’enfants qui le regardent émerveillés ?
Et pourquoi tu te révoltes pas
coco ?
D'une, parce que tant qu'on me refile du foot, un salaire et Noël, ça me va, ça me détend, je peux penser à rien, deux, parce que justement, le
foot, c’est avant tout un jeu, un kif, une joie, une fête, une angoisse feinte
à se faire peur ou à pousser la chansonnette ensemble, une légèreté sans
(apparente) conséquence dans un monde décidément trop dur, un rassemblement
collectif qui justement met cette dramaturgie en scène, et parce qu'enfin, tu
aimes le spectacle, au fond, comme tout enfant, et que ce jeu, ben c’est un peu comme celui de la vie (qui se jouerait alors sur un terrain).
Et tu te révolterais, toi, contre l’expression de la vie ? Contre la joie de
vivre, de se sentir vivant ? (et ce même pour des raisons pitoyables, forcément
coupables ?)
Dans le monde Macron, l’instrumentalisation politique, la récupération et la
recherche de l’assentiment populaire sont les éléments qui lui ont fait utiliser
l’évènement pour faire passer des messages “symboliques” (se serrer les
coudes en période duraille, sourire au bel azur
publicitaire) à la nation.
De l'autre, militantisme et volonté de recherche de conscientisation virent
parfois malencontreusement à la culpabilisation, et de ce fait, devenant
injonction, mettent
à mal le propos qu'ils
voudraient
servir, lorsqu’il ne parle plus à
personne, lorsqu'il rabâche ses mots clés ou ses justifications (arguments)
finissant même parfois par virer approximation.
Jusqu’à ce que les militants se rendent compte qu’il n’y a plus personne, dans la classe,
auprès du prêche, au pied du crachoir, à les écouter, et que bien au
contraire, tout le monde aura été se réfugier dans le gymnase d’à côté où
palpite la vie, la chaleur, l’autre, la passion, le frémissement, mais aussi et
surtout l’action où l'histoire-même, tiens, sait-on jamais (le foot, énième
paradigme, créant désormais sa forme d’histoire parallèle / sentiment de
peuples qui ne voudraient plus du réel ? Ou seulement d'un hyper réel fabrique pour ? Qui en ont suffisamment bouffé ? Qui
finalement s'accorderaient de ce mensonge puisqu'il les
conforte dans l'inaction et le refus d'agir ?)
Oui, aussi, probablement.
L'Ukraine et toutes les crises
sociales sur lesquelles on aurait alors plus du tout de prise, reléguées au
second plan ? Oui, mais pour un temps, autorisé, entre 28 minutes de pub, car
le réel du monde, les chaînes d'infos et ta propre vie sont là pour te le rappeler à chaque
instant.
Casser ce jouet, celui de cet
enfant que nous sommes parfois devant ces spectacles ? Pour quelle réalité
devenue quasi-impossible à infléchir ? Et pour la remplacer par quoi ?
Utopie ?
Mot qui porte en lui-même l’expression de sa quasi-impossibilité finale ?
Et puis il y fait chaud, dans ce gymnase, et on y vit des émotions folles et
légères, parce qu’on est bien, là, à hurler, tous ensemble (tous ensemble, tous
ensemble, ouais !) même si hurler sur ça et pour ça et comme ça, peut sembler
dément au regard d'une civilisation se disant développée ou seule la culture devrait
apporter richesse et partage.
Reste la naïveté enfantine du jeu et son efficacité, puisqu'elle touche tout le
monde tout le temps, un nombre impressionnant de gamins ayant été formé dans
des petits clubs, de villes en villages, ce qui en explique en partie
l’engouement et sa portée d’innocence donc de quasi-sacré.
Mais que reste t'il des
jeux d’enfants au
milieu des enjeux adultes ?
Nous, les spectateurs. Prêt à
admirer l'enfant du bourg et à huer celui de l'autre, jusqu’à finalement ne
plus exister qu'autour de ça, ou par ou pour ça.
Le foot instrumentalisé
politiquement ? Du fait de son irrésistible et désormais très mondialisé
succès, oui, par tous les bords et encore plus maintenant.
Car effectivement, s’il ne devait y avoir qu'une vérité constitutive de la
réalité, elle serait simplement faite de ça :
- Crise 2008.
- Besoin d'argent (entreprises, etc)
- Rapprochement (à L'Elysée) Sarkozy-Emirats-Platini (UEFA, copain européen influent de la FIFA).
- Obtention de la Coupe du Monde de Foot au Qatar (2010, tiens donc)
- Reprise du PSG par un émir Qatari se proposant de financer le bazar
- Gros pognon
- Soft power et réseaux d’influence.
- Hollande et son ministre signant des contrats d'armement et autre avec le
Qatar
- Mallettes de biftons.
- Business plan.
- Constructions à tout-va
- Erections hors-normes de tours high-style (Dubaï, Doha, etc)
- Développement exponentiel d'un pays devenu ultra capitaliste (tout en restant
un régime féodal/ la Chine doit en être jaloux)
- Architectes occidentaux bankable
- Chantiers démentiels refilés aux industriels mondiaux du BTP
- Négociation et médiation (contrepartie, un service contre un autre) du Qatar dès lors qu'un otage occidental se fait enlever dans
un pays du Maghreb (Iran, Irak, Syrie, Arabie saoudite, Yémen, Afghanistan, organisations islamiques de tout
poils)
- Intérêts pétroliers
- Intérêts gaziers
- Intérêts financiers
- Géostratégie
- Désormais the place to be
- Coupe du monde
- Centre du monde
- Guerre
- Crise énergétique
- (ça tombe bien, on a du) Gaz liquide en quantité démentielle (frottage de mains)
- Corruption de fonctionnaires Européens
- Dépendance énergétique avant dépendance tout court ? Ou simple partenariat
entre pays riches ?
Bref, le monde des adultes.
Que viennent donc faire là Mbappe, Messi et tous les autres, ces centaines de gamins jouant sur un terrain de foot comme
sur celui de leur enfance, sinon pour servir de boules de Noël ou de paravent
afin de cacher la misère d'une sinistre arrière boutique capitalistique ?
Le Qatar fut longtemps un trou paumé pauvrissime uniquement habité par des
pêcheurs faméliques trimant jusqu’à ce qu’ils découvrent (par le biais des
occidentaux ?) que leurs sols regorgeaient de ressources énergétiques
exploitables.
- Leur en voudrait-on, alors, à eux, de s’enrichir, de s’être enrichi, un pays
du Maghreb étant forcément “douteux” par rapport aux habituels richissimes et
dominants pays occidentaux qui s’en sont toujours foutus plein les fouilles
justement en exploitant les ressources des autres à leur profit ? (généralement
sans en laisser une miette, esclavagisant les populations à outrance).
Le très clinquant capitalisme Qatari rentrerait-il désormais en résonance
négative avec le nôtre ? Qui s’essaie à être plus “branchouille”, tentant la
discrétion, jouant l'égalitaire, presque éco
responsable, mais qui d’une façon détournée et après avoir pollué et pourri
définitivement le monde en un siècle d’industrialisation mortifère, se met tout
à coup à faire des leçons à tout le monde ?
Où lui ferait-il simplement
ombrage ou mieux, dans son expression-même, concurrence ?
Les homosexuels ? Tous les pays régis par la religion musulmane ont une très
fâcheuse tendance à promouvoir une chasse grandeur nature à l'homosexualité (ce
que fit bien longtemps et encore philosophiquement et psychologiquement le
catholicisme ici-bas). Quand ils ne pendent pas ou ne décapitent à tour de
bras.
Chantiers BTP ? Ouvriers morts ?
Ou sont les organisations syndicales autres que plus ou moins patronales dans
nos pays à nous, à tout à coup se rapprocher du sort des ouvriers alors qu’il
s’en cognent ainsi que les pouvoirs publics et la population ici bas le reste
du temps ? (en des années d'ouvrier du bâtiment, je n’ai jamais vu la moindre
présence syndicale autre que celle du patronat. Encore moins la ligue des
droits de l'homme).
Gageons que 10 ans de travaux
titanesques comme ceux du Qatar n'importe où et il serait bien possible qu'on
en finisse vite par comptabiliser un nombre de morts ou d'éclopés avoisinant le
chiffre en question.
(La vie de chantier)
Croyons nous vraiment, que nombre de ceux qui regardent ébahi le visage tout
entier rendu à l’enfance ces matchs de foot, sont complètement dupes de ce qui
se passe dans l’arrière boutique de cette sorte de capitalisme-là ? De ces
sortes de pays-là ?
Le jeu et l'enfance sont innocents dans un monde qui ne l’a, en vérité, jamais
été.
Peut-être prenons-nous alors
simplement conscience de ça, plus que jamais. De ses multiplicités de
traduction et de lisibilité du monde qui font qu'on peut en haïr profondément
un aspect (géopolitique, géostratégique, sociétal, intérêts financiers,
corruption, féodalité du pays choisi) tout en en adorant l'autre ? (jeu, sport,
enfance, innocence, communion populaire) ?
Le jeu est probablement la seule chose innocente qui reste à l’humain et le
fait encore se mouvoir et ouvrir des yeux émerveillés.
Comprendre cette enfance-là, cette soif d'enfance là, qui quelque part raconte
toujours des histoires auxquelles l’on pourrait croire. Cette soif et ce désir
sortis pour un temps de la normalité d'une vie auquel s'attacherait le
boulet social, sociétal, et qui ne demanderait rien d’autre que de s’en
extraire pour rejoindre ce qui pourrait ressembler
(religieusement parlant, les sud-américains le savent bien) à une célébration.
De la vie ? De la cohésion ? Du partage
? D’une certaine joie ? D’une idée commune ? Du sentiment enfin d’exister dans
un monde qui t’écrase la gueule ?
Un peu tout ça à la fois.
Le problème n’est pas le jeu, les joueurs, presque même l’organisation qui
quelque part permet à cette part d’enfance de continuer à vivre, ni même ces
enfants de spectateurs que nous sommes tous parfois, le problème c’est d'une
réalité qu'on est incapable de changer au milieu d’une bérézina de promesses
déçues.
Là que le vrai monstre s’insinue, thématique publicitaire utilisant ce terreau
d’enfance pour l’instrumentaliser, le dévoyer :
“Gros gains, gros respect.” qu'il
susurre
alors à l'oreille de l’enfant, victime désignée, le monstre publicitaire cynique, sans que cela ne semble plus déranger personne, à cet enfant qui
croit ce qu'il voit, vit, ressent. F
ric,
pouvoir et promesse de domination comme s'il n'y avait plus que ça, comme
modèle de vie et d’horizon possible.
C'est Publicis et consorts, les
vrais criminels, les vrais collabos,
qui devraient impérativement être mis au ban, envoyés à la cour pénale
internationale, avec Poutine et consorts
La compétition (traduction : çui qu’a la plus grosse/ mot cher aux ultra-libéraux
de tout poil) footballistique fait le reste. Ca et désormais le pied glissé par
ce charmant pays dans un coin de porte de la communauté mondiale, en influence
qui se voudrait désormais prioritairement décisionnaire (j’ai le pognon, alors
ferme là). Et au-delà de la corruption de fonctionnaires européens, ce sont
désormais les menaces, qui viennent.
De couper quoi, le gaz ?
Tenir le coup, et relever la tête.
Mais pas pour glaner une autre coupe du monde.
Pour que cette fiction-là ne devienne pas la seule et unique réalité.